Une fois intégré le choc de l’arrêt volontaire des économies occidentales en mars dernier, les marchés actions ont très rapidement repris le chemin de la hausse. Les indices actions européens ont, par exemple, effacé une grande partie de leurs pertes. Quant aux indices actions américains, ils évoluent désormais en territoire positif depuis le début de l’année ! Cela s’explique par la réponse sans précédent des Banques centrales et des pouvoirs publics des pays développés.
Les Banques centrales ont injecté des liquidités sans limite. Dans le cas de la Fed, ils ont soutenu directement le marché obligataire des entreprises en se posant en acheteur de dernier recours. Les courbes de taux ont convergé vers zéro, y compris aux Etats-Unis, et les primes de risque se sont contractées. Malgré le transfert massif des pertes d’activité des acteurs privés vers de la dette publique (mesure de chômage technique, plans de relance, …), les investisseurs ne semblent pas inquiets de cette explosion de la dette amenée à être monétisée de plus en plus par les Banques centrales. La progression des indices est toutefois trompeuse car elle ne traduit que partiellement la situation actuelle des marchés actions.
Le rebond s’est opéré avec une polarisation extrême entre gagnants et perdants de la pandémie. Le premier groupe est constitué par les valeurs technologiques à forte croissance pour lesquelles les conséquences micro-économiques de la pandémie sont invisibles voire positives. En Europe, faute de valeurs à croissance forte, il rassemble les valeurs défensives à forte visibilité (Nestlé, SAP, Dassault Systèmes, Roche, ASML, L’Oréal, LVMH, Hermès…). Le second groupe comprend les entreprises dont l’activité est liée au tourisme/voyages, à la restauration, au commerce physique, ainsi que le secteur financier du fait de la compression des taux et du risque accru de défauts de paiements.
Dans un univers de taux zéro, la croissance est rare et devient de plus en plus chère ! Cette « reprise en K » entérine la prise de pouvoir des acteurs mondialisés de la technologie sur l’économie et les marchés. La démonstration de leur caractère défensif a amené une hausse spectaculaire de leurs multiples de valorisation. Le poids des cinq sociétés GAFAM dans le S&P 500 atteint 24 %, une concentration inégalée dans l’histoire. La capitalisation individuelle de Apple, Amazon et Microsoft dépasse celle du CAC 40. Elle se rapproche de celle de l’Eurostoxx 50 !
La pandémie a définitivement enterré toute espérance de remontée des taux à court, moyen, voire long terme, ce qui laisse supposer que l’appréciation des multiples pourrait perdurer. Mais pour justifier ces niveaux de valorisation, les entreprises technologiques devront continuer à croître sur des rythmes forts ce qui, au vu de leurs tailles, équivaut à absorber des pans entiers de l’économie. Dès lors, un ralentissement de la croissance de ces entreprises devrait mettre à mal leur valorisation. Et à l’inverse, si elles maintiennent ces niveaux de croissance, une réaction sociétale et politique pour limiter leur pouvoir n’est pas à exclure, notamment en cas de changement de cap politique aux Etats-Unis.
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Les informations présentées se fondent sur la réglementation en vigueur au 01/09/2020. Elles ne constituent pas un conseil ou un avis fiscal ou juridique.